A Review from the STUDY and RESEARCH CENTER for INITIAL BIPEDALISM
Pour tout renseignement complémentaire, vous pouvez contacter :
M. François de Sarre,
par e-mail
( septembre 1989 )
Sommaire :
L'Homme Sauvage dans les Pyrénées et la survivance des NEANDERTHALIENS,
par Michel RAYNAL
What did the first vertebrate look like that entered the land ?
The standpoint of INITIAL BIPEDALISM THEORY,
by François de SARRE
par Michel RAYNAL
Abstracts : Thought to be extinct since 35 000 years, Neanderthal Man was cold-adapted, as it can be conjectured from the proportions of its limbs, the shape of its nose, the protection of its brain by a prominent torus supra-orbitalis, etc. It is very likely that it was also hairy, as hairyness is the most common cold-adaptation. In the Pyrénées and in the Iberic Peninsula, traditions, folklore, artistic representations, and even recent enough sightings about Wild Men have been recorded. They are quite similar, if not identical, with modern accounts of Hairy Wild Men in the Caucasus, Mongolia, Tibet, etc, who have been supposed to be relic Neanderthal Men by several authors, mainly Porshnev and Heuvelmans. Ormières and Gomez-Tabanera have proposed a late survival of Neanderthal Men in the Pyrénées, an hypothesis which has gained new support recently after the discovery in Spain of a Neanderthal lower jaw in a level of late Würm III.
Le 06 Juin 1972, devant la Commission Archéologique de Narbonne, une communication inattendue sur "l'abominable Homme-des-Neiges dans les Pyrénées", fut lue par un professeur de français de cette ville, Paul Ormières ( Ormières 1972 ). Ayant eu connaissance de la chose en 1981, je pris aussitôt contact avec Mme veuve Ormières qui mit aimablement à ma disposition la bibliothèque de feu son mari, en particulier son étude restée inédite sur "les Néanderthaliens dans les Pyrénées", écrite deux ans plus tard ( Ormières 1974 ).
LA SURVIVANCE DES NEANDERTHALIENS
P. Ormières ouvrait son étude par un résumé des recherches effectuées sur les 'Hommes Sauvages'
de l'URSS.
Officiellement, les Néanderthaliens ont disparu il y a 40 000 à 35 000 ans. Pourtant des restes bien plus récents leur
ont été attribués ( Podkoumok, Kvalynak, Novosiolka, etc ), mais certains auteurs l'ont contesté, estimant qu'il
ne s'agit que d'Hommes modernes présentant des caractères 'néanderthaloïdes'. En 1979 toutefois, a été découvert le
crâne néanderthalien de Saint-Cézaire ( Charente-Maritime ) - celui-là contesté par personne -
dans un niveau castelperronien, le premier niveau du Paléolithique supérieur : 35 000 à 30 000 ans
( Lévêque et Vandermeersch 1981 ).
En fait, derrière le dogme de l'extinction des Néanderthaliens, il y a la vieille idée, pourtant indéfendable sur le plan anatomique
et évolutionniste, que les Néanderthaliens se soient transformés en Hommes modernes : la découverte de
Saint-Cézaire démontre que cette hypothèse est également indéfendable d'un point de vue préhistorique, puisque l'on assiste
à la présence simultanée des deux types d'Homme. Depuis, les datations par thermoluminescence faites sur des sites
en Israël ont montré que l'Homme moderne était là depuis près de 100 000 ans, alors que les Néanderthaliens ne
sont datés que de 60 000 à 48 000 ans, ce qui fait plusieurs milliers d'années ( au minimum )
de 'cohabitation', peut-être pas totalement pacifique, permettant d'écarter définitivement cette filiation
( Valladas et al. 1988 ).
Sur l'aspect de l'Homme de Néanderthal, nombre d'anthropologues prétendent que bien rasé et habillé, il passerait
inaperçu dans la meilleure société. D'après les restes osseux, on peut déduire l'anatomie musculaire, mais là s'arrête
ce qui est sûr : parmi les caractères les plus évidents, on peut citer les arcades sourcilières proéminentes
( torus supra-orbitalis ), un front extrêmement fuyant, l'absence de saillie mentonnière, etc.
D'autres points sont encore controversés, comme la structure de la main : il semble en fait qu'il y ait eu des Néanderthaliens
aux mains très semblables aux nôtres, comme celui de La Chapelle-aux-Saints, et d'autres beaucoup plus spécialisés,
comme ceux de Kiik-Koba en Crimée : selon Bounak, leur main montre une faible opposabilité du pouce,
et donc certainement une moindre aptitude à l'habilité manuelle, ce qui est confirmé par d'autres travaux
( Musgrave 1971 ). De même le pied de ces Néanderthaliens montre une adaptation à la montagne :
les orteils sont très mobiles, disposés en éventail, pouvant se courber fortement pour assurer une meilleure prise,
comme le montrent les empreintes de Toirano ( Italie ).
La plupart des spécialistes admettent que les Néanderthaliens étaient très musclés, comme le montrent les
points d'attache des tendons, ou encore la forme des os du pied, destiné à soutenir un grand poids ( Trinkaus
et Howells 1980 ), et qu'ils présentaient diverses adaptations au froid ( Trinkaus 1981 ) :
il est dès lors hautement probable qu'ils aient aussi présenté la plus banale, la plus simple, de ces adaptations, à savoir
une épaisse couche de poils. D'ailleurs, les animaux associés aux Néanderthaliens du Würmien ancien, et partageant le
même climat, possédaient une telle toison : mammouth, rhinocéros laineux, etc. De même, la plupart des reconstructions
modernes les représentent avec des lèvres épaisses, ce qui est très peu vraisemblable : il s'agit là d'une adaptation
permettant de dissiper la chaleur et augmentant la surface en contact avec l'air ( comme un radiateur en somme ),
et il n'est donc pas étonnant qu'on la trouve chez les Noirs africains. Il est bien plus logique de penser que les Néanderthaliens
ne possédaient pas de lèvres visibles, comme d'ailleurs les Singes anthropoïdes.
Un autre point de divergence concerne le nez, représenté généralement épais dans la plupart des
reconstructions : en fait, l'étude des os du nez permet de déduire que celui des Néanderthaliens devait être
extrêmement retroussé et aplati. C'est seulement la peur du ridicule qui a incité les spécialistes à leur attribuer un nez
en contradiction flagrante avec les données anatomiques. Les travaux récents de l'anthropologue Trinkaus
( Anonyme 1988 ) montrent que les Néanderthaliens avaient bien un large nez, aux narines béantes…
Le caractère subjectif des reconstructions des Néanderthaliens éclate dans celle proposée par
Jay Matterness ( Rensberger 1981 ), sorte de Yul Brynner rasé de près, dont la couleur
de la peau et des yeux a été déduite de celle des Irakiens actuels, sous prétexte qu'il s'agit d'un Néanderthalien d'Irak.
A suivre ce raisonnement intrinsèquement absurde, il conviendrait de se figurer l'Homme de Néanderthal initial ( celui
de Neander en Allemagne ) avec des cheveux blonds et des yeux bleus ! C'est d'ailleurs ainsi qu'ils sont représentés
( et pourquoi pas des taches de rousseur ? ) par Erik Granqvist dans le Préhistorama
de Bidon ( Ardèche ), selon lui pour une utilisation optimale de l'énergie solaire. Argument spécieux :
que l'on sache, les Eskimos ne sont pas blonds aux yeux bleus. Certes, ils savent se protéger du froid par des vêtements
chauds, des abris appropriés ( tentes, igloos ) inconnus des Néanderthaliens. Mais ceux-ci avaient résolu le
problème de manière différente : par la pneumatisation de leur crâne ( les sinus faisant office de double vitrage ),
par leurs proportions, etc., et sans doute aussi par leur pelage.
Notons enfin que des études diverses sur le pharynx des Néanderthaliens leur confèrent une moindre aptitude
au langage que l'Homme moderne. Cela a été contesté : le bioacousticien Guy-René Busnel a fait subtilement
remarquer que l'étude du pharynx d'un perroquet amènerait à conclure à un registre vocal presque nul. Et d'ailleurs, le fait de
prononcer moins de sons ne change rien à l'affaire : avec deux sons ( le morse ! ) on peut
coder toute une langue. La seule réponse ne peut venir que d'une étude culturelle : or, le fait est que l'on ne possède
pas une seule représentation artistique due aux Néanderthaliens, une autre forme de représentation abstraite d'un objet.
Troisième point : depuis des siècles, on signale dans diverses régions de l'URSS actuelle ( mais
aussi de Mongolie, du Tibet, et de l'Indochine ), des ''Hommes Sauvages'', dont le portrait-robot rappelle irrésistiblement
l'Homme de Néanderthal : taille humaine, corps très puissamment bâti, entièrement couvert de poils,
à l'exception de la face, presque glabre ; longue chevelure ; arcades sourcilières proéminentes ( ''les
sourcils font comme une visière de casquette'', dit un témoin ) ; front et menton fuyants ;
nez ridiculement retroussé et aplati ( ''comme quand on colle le nez à la fenêtre'' ) ; bouche largement
fendue, sans lèvres visibles ; tête enfoncée dans les épaules, attitude penchée en avant ; tronc massif,
quasi-cylindrique ; pieds larges, orteils en éventail, recourbés, faisant saillir les orteils II et III ( l'anatomie
du pied est confirmée par les empreintes relevées notamment au Caucase ) ; les membres inférieurs
relativement courts, les membres supérieurs relativement longs, surtout à cause de la longueur des mains ( l'avant-bras
est au contraire relativement court ) ; mains larges, pouce faiblement opposable ( une femelle sauvage,
menacée d'un bâton, au lieu de le saisir à pleine main pour le détourner, essayait de placer tous ses doigts du même
côté ), absence d'éminence du thénar ( montrant la base du pouce : ''il n'y a pas de 'viande', là '' )
[ ces deux derniers points sont liés : le thénar contient en effet des muscles permettant les mouvements
d'opposition ; l'atrophie musculaire de cette région est donc logique chez des êtres montrant une faible opposabilité
du pouce, mais qui aurait pu imaginer un détail anatomique aussi subtil ? ] ; etc, etc.
Attitude de sommeil du ksy-gyik ( d'après KHAKHLOV )
Figure tirée du livre de HEUVELMANS & PORCHNEV, p. 53
Ces êtres sont bipèdes, très agiles dans les régions montagneuses qui sont les leurs ( leur pied
aux orteils très mobiles les sert grandement ) ; ils occupent temporairement certaines grottes ou abris
sous roches ; leur nourriture est omnivore : cela va des végétaux sauvages ( fruits, baies, mousses,
champignons, etc. ) aux plantes cultivées par l'Homme ( tomate, oignon, pomme de terre, maïs, tournesol, etc. ),
aux animaux ( charognes de chevaux, de moutons, grenouilles, lézards, tortues, souris, écureuils, etc ),
sans oublier ce qui est dérobé à l'Homme ( lait, fromage, pain, œufs, miel ),
etc ( Koffmann 1984 ) ; les femelles sont décrites comme aussi velues que les mâles, leurs seins
sont longs et pendants, atteignant parfois le ventre ; ils n'ont pas de langage, émettant des cris très puissants,
et on ne leur connaît pas d'outils, plus exactement ils n'en fabriquent apparemment peu ; ils sont de mœurs
essentiellement nocturnes.
Dès 1963, l'historien soviétique Boris Porchnev émit l'hypothèse révolutionnaire de la survivance des
Néanderthaliens. En 1968, le zoologue Bernard Heuvelmans a pu étudier le cadavre conservé dans un congélateur
d'un homme velu, vraisemblablement abattu au Sud-Vietnam, exhibé aux USA sur les champs de foire, et répondant
au portrait-robot précédent. L'étude rigoureuse qu'il en a faite a montré qu'il s'agissait d'un représentant d'une population
néanderthalienne vivant encore de nos jours ( Heuvelmans & Porchnev 1974 ).
Reconstitution, par Alika Lindbergh,
de l'aspect de l'Homme pongoïde à l'état vivant
Illustration tirée du livre de HEUVELMANS & PORCHNEV, planche 48
Depuis lors, l'hypothèse de la survivance de Néanderthaliens a été défendue avec pertinence par
Myra Shackley ( 1982 ) dans la prestigieuse revue archéologique Antiquity : elle a notamment
découvert en Mongolie des outils moustériens, généralement associés aux Néanderthaliens, très récents ( sans
doute moins de 20 000 ans, voire beaucoup moins ), que les montagnards de l'Altaï attribuent à l'almas,
l'Homme Sauvage et velu local.
Ainsi armés des travaux du Dr Koffmann sur l'almasty du Caucase, du zoologue Khakhlov
sur le ksy-gyik de Dzoungarie, de l'académicien mongol Rintchen sur l'almas de Mongolie, ainsi que
du Dr Heuvelmans sur le spécimen congelé, il est possible de trouver la clé du problème qui nous occupe.
LE THEME DE L'OURS RAVISSEUR
Dans toutes les Pyrénées court la légende de Jean-de-l'Ours, le conte le plus populaire de cette région : il en existe
des dizaines de versions, bâties autour du noyau central suivant : un ours enlève une jeune fille, l'emporte dans
sa caverne, et la retient prisonnière en fermant la grotte par une lourde dalle. Il lui fait un fils, velu et fort comme un ours,
d'où son nom, qui, en grandissant, devient assez fort pour déplacer la dalle et s'enfuir ; il devient forgeron, et suivent
alors nombre d'aventures, qui évoquent notamment le cycle de la Table Ronde, qui ont été visiblement ajoutées après coup,
comme on peut le constater par comparaison avec les légendes basques sur le Basa Jaun ( voir plus loin ).
L'hybridation homme x ours est évidemment génétiquement impossible, mais s'agit-il réellement d'un ours ?
L'habilité manuelle prêtée au rejeton de ces amours contre-nature évoque une main de primate, pas une patte
d'ours ( ainsi d'ailleurs que l'épisode de la dalle en ce qui concerne le père ) ; s'agirait-il d'un souvenir
confus d'une hybridation entre un type d'Homme primitif et une femme ? Nous y reviendrons…
On retrouve ce thème de l'ours ravisseur de jeunes filles dans les ''fêtes de l'ours'' comme à Prats-de-Mollo,
Arles-sur-Tech, ou Saint-Laurent-de-Cerdane dans les Pyrénées Orientales. Des fêtes de l'ours existent aussi en Ariège,
et Daniel Vigne s'en est inspiré pour une séquence de son film Le Retour de Martin Guerre. Dans tous les cas,
un personnage jouant ''l'ours'', souvent armé d'un bâton ou d'un gourdin, enlève une fille, il est poursuivi par des chasseurs
qui finissent par le capturer, le tuer ( ou le raser, ou l'émasculer ), et délivrer la jeune fille. En fait, on retrouve là très
exactement le thème des ''chasses à l'homme sauvage'' des carnavals et charivaris médiévaux de l'Europe
centrale ( Bernheimer 1952 ).
LA TRADITION PYRENEENNE
Nombre de traditions pyrénéennes sont encore vivaces sur des Hommes Sauvages. A Arles-sur-Tech,
des simiots, ''monstres affreux, aux dents fourchues, aux mains crochues, rôdaient la nuit sur les toits et descendaient
dans les maisons par la cheminée en poussant de funèbres hurlements'' ( Blanc 1979 ) ; la tradition
veut que ce soient les saints locaux Abdon et Sennen qui les aient vaincus. Le soi-disant ''ours'' du carnaval d'Arles-sur-Tech
vu ci-dessus est d'ailleurs toujours appelé le simiot.
En Haute-Ariège, l'Homme Sauvage était appelé l'om pelut ( homme poilu ),
ou iretgge, qui pourrait être une corruption d'hérétique :
" A une époque indéterminée vers les XII° ou XIII° siècles, vivaient dans la forêt de Barthes, deux hommes
sauvages ( iretgges ), nus, hirsutes, armés, chacun d'un bâton noueux, venant on ne sait d'où,
n'ayant pour abri que les cavernes des montagnes, et, pour toute nourriture, que les produits spontanés du sol ou le gibier
qu'ils pouvaient prendre ".
Pour se débarrasser de ces indésirables, un villageois eut l'idée de laisser des culottes rouges,
attirant leur regard, dans la forêt, que les iretgges enfilèrent. Les villageois leur sautèrent dessus, et les firent prisonniers,
car ils étaient entravés dans leurs mouvements ( Piniès 1978 ).
Dans cette légende, on reconnaît en fait le vieux mythe de l'Homme Sauvage avec son bâton,
mais aussi, et c'est encore plus significatif, la vieille légende sur la façon de capturer les singes, en leur faisant chausser
des bottes qui rendent leur marche malhabile, que l'on retrouve en Afrique ( Heuvelmans 1980 ).
La question qui se pose le plus est de savoir quel ''singe'' local a bien pu inspirer cette légende, que l'on raconte aussi
dans l'Aude avec des sabots à la place de culottes ou de bottes ( Maffre 1939 ) ?
Comme dans un autre cas, on prête à un iretgge un cimeterre, il est évident qu'il y a eu surimposition
du souvenir de la présence passée des Maures dans le Midi. La lubricité présumée des Hommes Sauvages, leurs mœurs
nocturnes ( la nuit étant propice au démon dans l'imagination populaire ) ne pouvaient qu'accentuer leur
caractère diabolique, donc hérétique aux yeux du bon peuple… Les caractères qui les rapprochent du bouc ( voir
plus loin ), donc de l'image populaire du Diable, devaient y contribuer plus encore.
BASA-JAUN, LE SEIGNEUR SAUVAGE DU PAYS BASQUE
Au Pays Basque, tant français qu'espagnol, courent des légendes sur le basa-jaun,
l'Homme Sauvage ( ou plus exactement le Seigneur Sauvage ) local :
" Basa-Jaun ne diffère pas sensiblement d'une bête sauvage. Il est couvert de poils, comme un ours ;
il se nourrit d'herbes ou de gibier ; il ne quitte pas les montagnes et les forêts ; il est cruel, il est voleur,
[ … ] Il n'est pas sujet aux infirmités : il conserve toujours une force sans pareille ; il est insensible
aux intempéries des saisons ; il marche jour et nuit… " ( Cerquand 1875-1882 ).
Celui que l'on surnomme ''homme de bouc'' est accusé de hanter les cabanes des bergers dans la montagne,
où il vient se réchauffer près du feu, ou plus simplement dérober leur lait et leur fromage, tel un véritable parasite
( Webster 1879 ). Bien sûr, dans divers contes, il est accusé d'enlever des femmes et de leur faire
des petits qui sont d'une force peu commune et velus ( Sébillot 1904-1907 ), ce qui nous rappelle la légende
de Jean-de-l'Ours. Ajoutons qu'il semble posséder une longue chevelure ( y compris Basa-Andere,
sa femme ), et que beaucoup de ses exploits se passent nuitamment.
Bien que ce personnage soit présent dans nombres de contes basques, il est considéré
( ou était considéré récemment ) comme un animal réel : que le Goupil du Roman de Renart,
ainsi que les autres animaux de la forêt, parlent comme des hommes, ne signifie pas que le renard, le Vulpes vulpes des
zoologues, n'existe pas ! Tout au contraire, une lecture zoologique ( et particulièrement éthologique )
de ce chef-d'œuvre moyenâgeux nous en dit long sur le comportement de cet animal : qu'il vit dans une tanière,
qu'il est omnivore à dominante carnivore, qu'il est rusé au point de faire le mort, etc., etc., et sur le plan anatomique
qu'il doit ressembler à son 'cousin'' Ysengrin le loup ( Canis lupus ), mais avec une toison rousse
- toutes choses parfaitement exactes, et amplement démontrées depuis.
Ainsi donc, il y a deux siècles tout au plus, des bûcherons de la forêt d'Iraty affirmaient avoir rencontré
ses traces de pas, et d'autres l'avoir entendu, et le souvenir s'en perpétuait encore récemment lors de veillées
au coin du feu :
" Deux montagnards l'ont bel et bien entendu, la nuit, dans les rochers, alors qu'ils recherchaient désespérément
quelques bestiaux égarés [ … ] ".
Perdus dans la brume, ils s'orientaient en s'appelant avec le cri perçant qu'ils appellent l'irrintzina,
lorsque l'un d'eux réalisa que c'était le Basa-Jaun qui l'imitait ! ( Duny-Pétré 1960 ).
Si nombre de récits sont extrêmement mythifiés, de vrais contes fabuleux en fait, il en est qui sont
étonnamment réalistes : je n'en veux pour preuve que celui du ''Basa-Jaun ou cavolar'', qui mérite
d'être cité in extenso :
" Il était une fois, dans une bergerie, deux bergers. Un soir, après souper, ils mirent des châtaignes à griller
dans le feu. Pendant qu'elles rôtissaient, ils se couchèrent un moment car ils s'étaient beaucoup fatigués, pendant la journée,
à garder leurs brebis, et le sommeil les surprit :
" Un bruit venant de la porte les réveille ; ils entendent quelque chose qui agite le loquet de la porte.
L'épouvante les saisit, car ils se disent en eux-mêmes que c'est sûrement Basa-Jaun. Ils demeurent silencieux, ne se parlent pas,
et font semblant de dormir.
" Ils ne s'étaient point trompés : ils voient entrer un Seigneur Sauvage tout noir et tout couvert de poils. Il s'approche
d'eux, et ils sentent une main rugueuse et tremblante leur parcourir le visage. Ils pensent que c'en est fait de leur vie,
que le Seigneur Sauvage va les dévorer, et ils sont tellement effrayés qu'ils respirent à peine. Mais non : Basa-Jaun
s'installe devant le feu, se chauffe, et retirant les châtaignes de dessous la cendre, il les mange toutes. Tout en mangeant,
il regarde de temps en temps, si les bergers s'éveillent. Ceux-ci, morts de terreur, ne bougent même plus.
" Le Seigneur Sauvage, après avoir mangé les châtaignes, se leva, prit dans la cabane ce qui lui convenait,
et sortit sans faire de mal à personne ".
Un conte ? Oui, certes, mais qui a un parfum d'authenticité étonnant : on croirait presque
un récit typique du Caucase, tel que Marie-Jeanne Koffmann en a recueillis.
TEMOIGNAGES HISTORIQUES
Dans le dossier de l'Homme Sauvage pyrénéen, il n'y a pas que la folklore : on possède
également des témoignages se rapportant à des créatures hominoïdes et velues observées jusqu'à une époque très récente,
et ce précisément dans le pays du Basa-Jaun.
C'est ainsi qu'un ingénieur de la Marine, Julien David Leroy, dans son ouvrage sur l'exploitation forestière
dans les Pyrénées ( 1776 ), a fait mention de plusieurs histoires d'enfants ensauvagés, comme le célèbre Victor
de l'Aveyron. A qui le regretté François Truffaut a consacré l'un de ses plus beaux films
( L'Enfant Sauvage ) : ceux-ci ne sont que des enfants abandonnés et donc retournés à l'état sauvage,
sans rapport avec notre propos. En revanche, il cite un cas bien plus troublant :
" Il n'y a pas deux ans [ donc en 1774 ] que les pasteurs de la forêt d'Yraty, proche
de Saint-Jean-de-Pied-de-Port, aperçurent souvent un homme sauvage qui habitoit les rochers de cette forêt. Cet homme
étoit de grande taille, velu comme un ours, & alerte comme les hisards, d'une humeur gaie, avec l'apparence d'un
caractère doux, puisqu'il ne faisoit de mal à rien. Souvent il visitoit les cabanes sans rien emporter ; il ne connaissoit
ni le pain, ni le lait, ni les fromages ; son grand plaisir étoit de faire courir les brebis, & de les disperser en faisant
de grands éclats de rire, mais sans jamais leur faire du mal. Les Pasteurs mettoient souvent leurs chiens après ;
alors il s'enfuyoit comme un trait, & ne se laissoit jamais approcher de trop près. Une seule fois, il vint un matin à la porte
d'une cabane d'ouvriers qui faisoient des avirons, & qu'une grande abondance de neige tombée pendant la nuit retenoit ;
il se tint debout à la porte qu'il tenoit des deux mains, & regardoit les ouvriers en riant. Un de ces gens se glissa
doucement pour tâcher de le saisir par une jambe ; plus il le voyoit approcher, & plus son rire redoubloit ;
ensuite il s'échappa. On a jugé que cet homme pouvoit avoir trente ans ; comme cette forêt est d'une grande étendue,
& communique à des bois immenses appartenant à l'Espagne, il y a à présumer que c'étoit quelque jeune enfant
qui s'y étoit perdu, & qui avoit trouvé les moyens d'y subsister avec des herbes ".
Cette dernière explication est d'une grande naïveté, inspirée par la légende de l'anachorète velu,
qui veut qu'à vivre en sauvage on finit par acquérir une toison de poils, légende dénuée, faut-il le dire, de tout fondement.
D'autres témoignages ont été rassemblés par Gomez-Tabanera ( 1978 ) :
au siècle dernier, une 'mujer salvaje' [ femme sauvage ] était signalée dans les montagnes de Cantabrie.
Surnommée ''la Osa de Andara'' [ l'ourse d'Andara ], elle se réfugiait dans des grottes : ''ses bras et
ses jambes étaient velus, avec un pelage semblable à celui d'un ours''. Elle se nourrissait de lait, de châtaignes, de racines,
de maïs cru, de fruits et de baies ( arbousiers, groseille, etc ), de rayons de miel, mais aussi parfois
de petites chèvres :
" Je l'ai vue dévorer un de ces animaux, écrit Joaquin Fusté y Garcés en 1875 : à ce moment elle rugissait
comme une vraie bête féroce et lançait des éclairs avec ses yeux ".
Elle possédait une sorte de plateau ou de terrine pour le lait et un couteau fabriqué avec un morceau de corne,
et elle portait autour des reins ''une sorte de jupe dont on ne savait si elle était de poil ou de toile ''.
Gomez-Tabanera rapporte aussi la légende sur la formation du monastère de San Salvador de
Cornellana dans les Asturies. Un enfant aurait jadis été enlevé par un monstre qualifié d'osa [ ourse ].
Après de longues recherches, on les retrouva tous deux dans la forêt, ''la soi-disante ourse donnant la tétée à l'enfant,
qui reposait tranquillement dans son pelage hirsute''. Le seigneur de Doriga pour remercier le ciel du miracle fit édifier le
monastère et sculpter la scène [ voir photo ].
Il est peut-être un témoignage encore plus récent, rapporté par Daniel Fabre ( 1969 )
dans son étude sur Jean-de-l'Ours :
" Mme Gomez ( née en 1926 ), habitant Lézignan ( Aude ), nous a raconté que
dans son village natal, Cuevas-Bajas ( Province de Malaga ) aux alentours de 1920, un jeune couple ( les
Palmares ) étaient parti dans la Sierra Morena pour garder du bétail. Ils vivaient isolés dans une cabane. Un jour
comme le mari était absent, la jeune femme disparut. Les villageois ne poursuivirent pas longtemps les recherches pensant
qu'elle avait été dévorée par les bêtes sauvages qui infestaient la région. Mais quelque temps plus tard la femme revint
chez elle et raconta son étonnante histoire.
" Elle avait été enlevée par un singe alors qu'elle lavait son linge à la rivière. Il l'avait emmenée dans sa grotte
et il l'avait violée. Pendant son absence, elle avait réussi à s'enfuir. Quelques mois plus tard, elle donnait naissance à une fille
que l'on baptisa Anica et qui était plus connue sous le surnom de ''la fille de l'orang-outang''
( la hija del orang-outang ) [ N.B. : plus exactement, orang-outan ]. Elle avait hérité
partiellement du physique de son père : longs bras, corps velu ; son visage était celui d'un singe dans
sa partie inférieure, celui de sa mère dans sa partie supérieure. Cette fille eut d'ailleurs par la suite deux fils qui vivent encore
dans la ville de Labisbal ( Province de Gerona ) ; le premier est absolument normal, mais l'autre
est surnommé ''le fromage'' à cause de sa laideur simiesque ".
L'hybridation homme x singe est généralement tenue pour impossible, bien que l'on n'ait pas
vraiment exploré la possibilité pour des raisons éthique. Cependant, le cas de la maternité de Vichy ( une jeune fille
qui vivait tenue captive par son père dans une roulotte, en compagnie d'un chimpanzé, et qui donna naissance à un bébé
monstrueux mort-né ) est bien documenté, et pour le moins troublant ( Duvic 1973 ). Toutefois, un tel hybride,
s'il existait, serait non viable : les différences anatomiques entre l'Homme et les Pongidés ( singes
anthropoïdes ) est telle, qu'on voit mal ce que pourrait donner par exemple un intermédiaire entre un pied
de coureur du premier, et celui arboricole et préhensile ( transformé en main ) des autres… Dans le cas
de Mme Palmares, avec les réserves d'usage ( témoignage de deuxième main, antérieur à la naissance
de l'informatrice ), l'hybride en question est velu, ses membres supérieurs sont longs, et ''le bas de son visage''
est simiesque, ce qui peut vouloir dire qu'il a un menton fuyant, et peut-être pas de lèvres visibles… Que le père ait été
qualifié d'orang-outan ne doit pas faire illusion : c'est évidemment un mot passe-partout : aujourd'hui on parlerait
d'un ''homme-singe'' ou d'un King-Kong. D'ailleurs, ses mœurs troglodytes n'ont rien à voir avec celles, arboricoles,
du grand singe roux de Sumatra et Bornéo.
L'IDENTITE DE L'HOMME SAUVAGE ET VELU PYRENEEN ET IBERIQUE
Il est temps de passer en revue les diverses hypothèses qui ont été avancées pour tenter
d'expliquer la persistance du Mythe de l'Homme Sauvage dans les Pyrénées et ailleurs.
Pour les folkloristes qui ont recueilli ces traditions ( notamment Daniel Fabre ),
l'Homme Sauvage est un archétype, une idée toute faite et stéréotypée de l'esprit humain, destinée à nous servir de repoussoir
et à nous faire, nous les 'civilisés', une haute idée de nous-mêmes en comparaison du Sauvage. Ainsi s'expliquent les stéréotypes,
les clichés du Mythe : l'Homme Sauvage et Velu amateur de bon vin et de jolies filles, que l'on retrouve depuis la plus
haute Antiquité [ voir les Satyres de la mythologie grecque ]. Tout cela est parfaitement exact, mais un mythe
doit aussi se nourrir de réalités, sous peine de disparition : le mythe de l'Homme-Chien, par exemple, a rapidement
décliné et disparu, faute de trouver des êtres réels en qui il puisse trouver matière à survivre. A l'inverse, le mythe de l'Homme
Sauvage s'est incarné dans les singes anthropoïdes ( par exemple les gorilles que l'on accuse d'enlever les négresses
pour copuler avec elles ! - calomnie née du vieux mythe, mais il n'en demeure pas moins vrai que
ces singes sont réels !
Pour d'autres auteurs, tout s'expliquerait par l'ours : à preuve les fêtes de l'ours, la légende de
Jean-de-l'Ours, etc. En réalité, il est clair qu'il y a eu au contraire substitution tardive de l'ours à l'Homme Sauvage
( et encore dans l'est des Pyrénées seulement ) : cela est parfaitement démontré par le nom de simiot
donné à l''ours' d'Arles-sur-Tech, ce mot provenant de toute évidence du latin simia, c'est-à-dire 'singe'. La concordance
avec les chasses à l'Homme Sauvage d'Europe centrale a d'ailleurs été notée.
Une autre hypothèse, formulée au milieu du siècle dernier à propos du basa-jaun, voudrait
qu'il s'agisse d'un souvenir des Basques de l'orang-outang ( sic ), comprendre le chimpanzé
( Chaho 1847 ). En effet, on pensait alors que les Basques étaient apparentés aux Guanches des îles
Canaris ( on a même prétendu qu'ils descendaient des Atlantes ! ), et ils auraient donc pu connaître le
chimpanzé, encore qu'on ne le rencontre qu'au sud du fleuve Sénégal. Outre que personne ne défend plus aujourd'hui
cette hypothèse, le basa-jaun ne ressemble nullement au chimpanzé : qu'il suffise de rappeler les
mœurs troglodytes ( et non arboricoles ), ou encore la chevelure, prêtées au premier.
Reste l'hypothèse de travail qui a guidé l'auteur tout au long de ses recherches, formulée en 1972
par P. Ormières devant la Commission Archéologique de Narbonne, et développée en 1974 dans son étude dactylographiée
de 9 pages jamais publiée, suivant laquelle des Néanderthaliens auraient survécu jusqu'à une époque récente
dans les Pyrénées. Il est juste de dire que cette hypothèse lui a été soufflée par Bernard Heuvelmans, mais ce dernier,
à notre connaissance, n'a jamais fait état publiquement de cette hypothèse jusqu'à une date toute récente
( Heuvelmans 1986 ).
Il faut dire cependant que la thèse de P. Ormières a contre elle d'être assez superficielle,
et entachée d'erreurs surprenantes. Ainsi, parlant de la 'sauvagesse' de l'Ariège ( une jeune fille ensauvagée en Ariège
au début du 19° siècle, il écrit qu'elle était velue, ce qui est faux ( Lenotre 1979 ). Et il semble
considérer le fameux Victor de l'Aveyron comme relevant de la survivance des Néanderthaliens, ce qui est archi-faux. Plus loin,
en revanche, il évoque un personnage qu'il a connu, et qui selon lui pourrait constituer une pièce du dossier :
" Il s'agit d'un personnage considéré comme un crétin sourd et muet, hébergé par un hôpital de Bagnères de Luchon
entre 1920 et 1936. On l'appelait Clémentou ou Clémenti et on le donnait comme Espagnol d'origine. Son acte de décès l'appelle
Clemente Alfonso, fils de Vicente et de Juano Calvera, de Benasque au Val d'Aran, décédé célibataire le 23 juillet 1936.
" De taille moyenne, trapu, la tête entre les épaules, bras longs, jambes courtes, un peu pliées et tordues, pas de front,
cheveux châtain roussâtre, mais peu taillés, nez court aux grandes narines, bouche énorme à la mâchoire tombante,
ce le faisait paraître goitreux, très grosses mains et pieds très larges, marche sur le pavé en traînant les pieds.
" Emet des sons, grognements et cris indiquant des sensations ou des besoins, mais ne parle distinctement, ni un dialecte
espagnol ni un dialecte français. Il n'est pas muet, ni sourd, car il réagit à son nom, prononcé avec les intonations locales,
par un regard et un 'euh !' interrogatif. N'aime pas que les enfants tournent autour de lui en criant et a de violentes colères,
mais est inoffensif. Très vorace, mange n'importe quoi, avale sans difficulté des grenouilles ou des fruits entiers ".
P. Ormières a beau affirmer que ''rien de l'écartait radicalement du type de Néanderthal'', il lui manque
toutefois l'attribut le plus évident prêté aujourd'hui aux néanderthaliens reliques, à savoir la toison de poils ! On pourrait
donc penser que le pauvre Clémenti n'est qu'un pauvre crétin microcéphale, s'il n'avait tant d'autres caractéristiques
néanderthaloïdes : si ce n'était pas un néanderthalien, il est possible qu'il ait eu des gènes néanderthaliens…
Bref, et malgré toute la sympathie que l'on peut avoir pour le professeur narbonnais, il faut dire
que son étude était superficielle : ironie du sort, il arrivait à une conclusion sans doute juste, mais en se basant
sur des arguments faux !
Il revient au préhistorien espagnol José-Manuel Gomez-Tabanera ( 1978 ) d'avoir
défendu à nouveau la thèse néanderthalienne, indépendamment de P. Ormières.
En effet, cette hypothèse permet d'expliquer la totalité du dossier dans ses moindres détails :
Sculpture de la dénommée '' Ourse de Cornellana ''
( Asturies, Espagne )
Photo : J.M. GOMEZ-TABANERA
Pourquoi ? Parce que bien des traits leur sont en effet communs : un corps couvert d'une
véritable fourrure, un pied plantigrade, un habitat de forêts montagneuses, des mœurs troglodytes, un régime omnivore, etc.
Dans toutes les régions où l'on signale des créatures humanoïdes et velues, on a tôt fait d'en faire
de prétendus hybrides entre l'homme et le singe. Dans les Pyrénées, faute de singe, on a pris le substitut le plus 'plausible',
à savoir l'ours : ainsi s'expliquent les histoires d'hybridations homme x ours, ou plutôt ours x femme,
pour rester conforme au mythe de l'Homme Sauvage.
Derrière le thème de l'ours ravisseur de jeunes femmes, tel qu'on le trouve dans la légende de
Jean-de-l'Ours, il y a un autre aspect du problème : c'est bien sûr le vieux mythe du satyre amateur de jolies filles,
qui trouve peut-être sa source dans l'équation que l'on fait populairement entre virilité et pilosité ; en conséquence,
on attribue une agressivité sexuelle débridée à un être humanoïde et totalement couvert de poils ( voir à ce sujet la
chanson de Brassens Gare au Gorille ! qui illustre avec humour cette croyance ). Mais il pourrait s'agir en plus
d'une allusion à l'hybridation néanderthalien x homme moderne. 'Hybridation' est un terme inadéquat utilisé par
des anthropologues pourtant convaincus majoritairement de l'appartenance des Néanderthaliens à notre espèce
( Homo sapiens ), et nommés en conséquence Homo sapiens neanderthalensis, par opposition
à l'Homme moderne H. s. sapiens : en l'occurrence, c'est de 'métissage' qu'il conviendrait de parler. Il est stupéfiant
de voir des spécialistes utiliser des critères différents suivant que l'on traite de la Zoologie ou de l'Anthropologie, ce qui est
scientifiquement indéfendable, l'Homme étant lui-même un animal. Notons que selon Jean-Louis Heim ( 1987 ),
Néanderthaliens et Hommes modernes représentent deux espèces distinctes.
On a semble-t-il des preuves d'une telle hybridation ( ou métissage si l'on ne retient pas la
spécificité ) avec les restes de Djebel Qafzeh en Palestine : ils présentent tous les types intermédiaires
entre Néanderthaliens et Hommes modernes ; cette hétérogénéité permet d'écarter l'hypothèse avancée par
certains qu'il s'agirait de Néanderthaliens mutant en sapiens ( au surplus réfutée récemment par les datations
obtenues par Valladas ). Chose intéressante, la Bible fait allusion à plusieurs reprises aux Seïrim,
littéralement 'les velus', généralement traduits par 'boucs', et Dieu met en garde les Hébreux contre le fait de s'accoupler
avec ces Velus :
" Ils n'offriront plus leurs sacrifices aux boucs ( sic ), avec lesquels ils se prostituent. Ce sera une loi perpétuelle
pour eux et pour leurs descendants ". [ Lévitique, XVII, 7 ]
L'incongruité de cette traduction apparaît aussi par exemple, dans les prophéties d'Isaïe ( XIII, 21
et XXXIV, 14 ) où il est question des animaux du désert : chacals, autruches… et 'boucs', ce qui est absurde pour
ces derniers.
Bref, il est très probable que dans les Pyrénées comme en Palestine, les Néanderthaliens et les Hommes
de notre type se sont croisés, dans tous les sens du terme, ce qui a laissé des traces dans la mémoire humaine, notamment
dans la mythologie, sacrée ou profane. Le cas de Mme Palmares, engrossée par un prétendu orang-outan,
constitue peut-être le cas le plus récent : la pilosité, la longueur des membres supérieurs, et sans doute l'absence
de saillie mentonnière, sans parler de la robustesse ( la vigueur hybride ) du rejeton, et les mœurs troglodytes
du père vont dans ce sens, et rappellent encore une fois un cas bien documenté au Caucase, celui de Zana, une femelle
sauvage et velue à qui un villageois fit un enfant. Il serait du plus grand intérêt de retrouver et d'étudier les restes osseux…
Notons que le penchant pour le lait et le fromage de l'Homme Sauvage s'explique peut-être par un manque
de vitamine D. Il est connu que la pathologie des Néanderthaliens, d'après leurs ossements, montre souvent de l'arthrose
et du rachitisme, ce dernier dû à une carence en vitamine D, que l'on trouve en abondance dans le lait. Passé l'allaitement
maternel, les néanderthaliens pouvaient en trouver dans le poisson en petite quantité, mais ils ignoraient le harpon. On a suggéré
qu'en plus d'un faible apport, il pourrait y avoir eu une mauvaise métabolisation de la vitamine D par manque d'ultra-violet, à
cause d'un faible ensoleillement dans les brumes de l'époque glaciaire ; et si tout simplement cela était en relation
avec des mœurs troglodytes et nocturnes ?
Ajoutons que le nom d'Homme de Bouc donné au Basa-Jaun, évoque la pilosité ( velu
comme un bouc ), le pied montagnard ( un vrai 'pied de chèvre' ! ), et sans doute aussi l'odeur fétide
( il doit 'puer le bouc' ! ), toutes choses signalées chez les Hommes Sauvages asiatiques.
Notons aussi que le Diable des Chrétiens étant figuré avec des caractères de bouc ( entre autre le pied ),
a dû donner base au nom d'iretgge utilisé en Ariège.
Soit dit en passant, il y a une altération manifeste du mythe dans l'est des Pyrénées,
ou l'ours, l'hérétique ( Maure ? Cathare ? ), voire le Diable ont visiblement été surimposés :
cela pourrait signifier une disparition plus ancienne des néanderthaliens dans cette partie de la chaîne.
A Arles-sur-Tech, les simiots sont affublés de dents fourchues et autres détails fantasmagoriques. De fait, les témoignages
les plus récents et les indices matériels les plus probants proviennent tous du Pays Basque ou de l'Espagne. Si les Basques
ont pu, par l'isolement de leurs vallées, garder une langue unique ( qui s'écarte de toutes les langues
indo-européennes ), et un patrimoine génétique non moins unique ( un très haut pourcentage de groupes
sanguins Rhésus négatif ) - on pense que ce sont des Cro-Magnon presque purs - alors a fortiori l'Homme
Sauvage néanderthalien a pu se maintenir fort longtemps dans les montagnes, en fait jusqu'à la déforestation au 17°-18° siècles…
Les deux faces de l'os gravé magdalénien d'Isturitz,
montrant d'un côté un couple de bisons et de l'autre
un couple de ''velus'' [ d'après de SAINT-PIERRE ]
Figure tirée du livre de HEUVELMANS & PORCHNEV, p. 430
Selon Heuvelmans ( Heuvelmans & Porchnev 1974 ), il s'agirait d'un tableau
de chasse : les bracelets et colliers ne seraient que des liens, et les flèches des marques de chasse ( ce
qui se traduirait par ''abattu un couple de bisons et un couple de velus'' ). Comme il le fait remarquer, les représentations
humaines dans l'art préhistorique sont extrêmement stylisées ( sans doute à cause d'une peur superstitieuse
que l'on puisse se livrer à de la magie sur son effigie ) ; ici par contre, s'il s'agit bien d'Hommes Sauvages
que nos ancêtres devaient considérer comme des bêtes, rien n'interdisait de représenter fidèlement leurs traits :
Heuvelmans note ''le front extrêmement fuyant, le cou bref, la nuque puissante, le menton effacé et surtout le nez
curieusement retroussé''. Bref, tous les caractères des Néanderthaliens. Nous y ajouterons le tronc quasi-cylindrique
de la femelle, et ses seins longs et pendants. Notons que selon André Leroi-Gourhan, il ne s'agit pas d'un couple,
mais de deux femelles, ce qui d'ailleurs n'enlève rien à la démonstration précédente.
C'est à une semblable conclusion que mène l'étude d'une gravure rupestre de la même grotte
d'Isturitz ; comme l'écrit Heuvelmans :
" Son système pileux est représenté avec le plus grand soin : la face encadrée de poils, qu'on distingue jusque
sur l'arrière du cou, la chevelure plus longue, et - si je ne craignais pas de solliciter les faits - les sourcils peu fournis,
voire les petits poils follets des joues. Le nez en trompette est en tout cas indéniable ".
Représentation réaliste, dans la grotte d'Isturitz
( Basses-Pyrénées ), de ce qui semble être
un Néanderthalien [ d'après MAUDUIT, 1954 ].
Figure tirée du livre de HEUVELMANS & PORCHNEV, p. 429
Ajoutons enfin une possible voie de recherche, concernant les Cagots, un peuple de parias du sud-ouest de la France au Moyen-Age, victimes de quantité d'interdits : obligation de se marier entre eux, de porter un signe distinctif ( une patte d'oie cousue sur le vêtement : Hitler n'a décidément rien inventé ), d'entrer à l'église par une porte spéciale, etc., etc.. On a dit que c'étaient des lépreux ( la perte des doigts donnant à la main l'aspect de patte d'oie, comme l'a fait remarquer très subtilement Heuvelmans in litt. ), des descendants de Goths ( cagot = canis Goth, chien de Goth ? ), etc.. Tout cela est très controversé. Certains auraient présenté des caractères distinctifs : absence de lobe de l'oreille, goitre, etc, qui rappellent à nouveau les Néanderthaliens attardés : en tout cas, leur endogamie forcée aurait eu pour effet d'augmenter la fréquence d'apparition de gènes néanderthaliens s'il s'en était trouvé parmi eux ( ce qui nous renvoie au problème de l'hybridation ). La patte d'oie est peut-être même une allusion au pied large, aux orteils en éventail ( en palme ! ) des Néanderthaliens. La légende des fées ariégeoises ( encatadas ) vivant dans des grottes et dont la trace de pas ressemble à un pied palmé de canard ( Joisten 1962 ) pourrait bien avoir la même origine, plus précisément être fondée sur l'observation de traces de pas néanderthaliennes dans les grottes de la région, comme à Toirino en Italie.
Reconstitution par Alika Lindbergh,
De la tête de l'Homme pongoïde à l'état vivant,
Vue de face et de profil.
Illustration tirée du livre de HEUVELMANS & PORCHNEV, planche 47
En définitive, la thèse de la survivance récente de Néanderthaliens permet de rendre compte de toutes les données du dossier. On objectera que tout cela est très hypothétique, bien que la cohérence des données rassemblées ici est frappante. Bien sûr, la preuve par neuf serait la découverte de restes néanderthaliens très récents ( postérieurs à la date de 35 000 ans attribuée à leur extinction ) dans la région qui nous intéresse : or, cela vient d'être le cas récemment. On a en effet exhumé à Boquete de Zafarraya en Espagne une mandibule néanderthalienne dans un niveau daté de Würm III tardif, soit moins de 30 000 ans ( Hublin 1989 ). Il est à souhaiter que des recherches systématiques soient entreprises, qui permettent d'en découvrir des restes encore plus récents.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier vivement, pour les documents qu'ils ont fournis ou leurs conseils : Pierre Duny-Pétré ( Saint-Jean-Pied-de-Port ), José-Manuel Gomez-Tabanera ( Université d'Oviedo ), Benoît Grison ( Sainte-Adresse ), Bernard Heuvelmans ( Le Vésinet ), Marie-Jeanne Koffmann ( Moscou ), Madame veuve Paul Ormières ( Narbonne ) ; Myra Shackley ( Université de Leicester ) ; ainsi que Dmitri Bayanov ( Musée Darwin de Moscou ) pour m'avoir encouragé à rédiger cette étude.
REFERENCES CITEES
Pour ne pas alourdir une étude déjà assez dense, ne sont citées ici que des références non mentionnées par Heuvelmans et Porchnev ( 1974 ). On se reportera à leur livre pour une bibliographie plus complète sur la survivance des Néanderthaliens.
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by François de SARRE
ABSTRACTS : The purpose of the present paper is to outline briefly the problem of which kind of vertebrate
once left the water.
Traces of land-breathing vertebrates are recorded from the Devonian period, and it is commonly supposed that the
ancient amphibians derived from some fish-like aquatic ancestors, living in pre-Devonian times.
So far nothing has really been said about the role of mind in the evolution which led from
a water creature into the first land-dwelling vertebrate.
The author of this paper advances the thesis that it was then a bipedal and big-headed pre-hominid
( Homonculus ), characterized by a sense of curiosity, and definite mental dispositions.
The first land-dwelling Vertebrates, indeed, had nothing to do with the Crossopterygians, commonly regarded
as having conquered the land, but which in fact had no mental or physical capabilities to leave water and to progress on land.
One of the most relevant problems concerning the vertebrate phylogeny is presented here together with
a working hypothesis for its solution.
The earliest known vertebrates are the Armoured Fishes of the Silurian. They have had hard
skeletons and carapaces, and that is why they were capable of fossilization when they died in seawater-pools or lagoons,
under conditions favourable for their preservation.
Incomplete and fragmentary as it is, the geological record only gives indications about ancient faunae.
This does not represent the actual links in the evolutionary chain, nor does it demonstrate any evidence of chronological
order ( fish, then amphibians, reptiles, birds and mammals ) in which the series of the vertebrates should be listed.
Pisces, indeed, appear to be highly specialized water animals which proceeded from more
primitive vertebrates that preserved less evolved features, such as 4 legs and functional lung, that transformed
in fish into fins and natatory bladder… The remarkable thing about Crossoptérygians, and also Dipnoi ( lungfish ),
is that they preserved choanae or internal nostrils, and lungs for air-breathing [ gills being posteriorly added ].
According to a classical view, the land vertebrates which flourished in Carboniferan times were
clumsily built amphibians. However, even though fossil records have not been discovered as yet, there lived logically at the
same time with several more completely terrestrial lineages which sprung from some branch of the homonculian stem.
Fossilized mammals are known from early Triassic layers as small creatures said to have originated from
reptiles. However, only the mammalian level of structure should have reached such perfection and adaptability to produce
set-types which specialized in various ways and at different times during early geological periods. It means, we must believe the
contrary, i.e. that reptiles once evolved from mammalian creatures. We can call this process ( an adaptive
simplification of body structures ) : reptilization. This entails the fashioning of various reptilian
and reptile-like lineages form originel mammals ; and the evolution may develop further to amphibians
or to completely aquatic forms, such as the fish.
I'd like briefly to present here my individual concepts about the morphological appearance
of the first vertebrate that was intended to conquer the land.
In this article we will not evoke problems as to demonstrate whether a fish looking like a crossopterygian
could really have walked on its paired fins [in which the bones have remained comparable to those of the tetrapod fore
and hind limbs, or we will not discuss if such fins should necessarily disappear, as the fish was winding about
on land [ like a snake ] by undulating the whole body in a horizontal movement. Let me only stress here the fact that
such a creature entering land must have had a real motivation to move forward onto a new and hostile environment !
A small-brained, also physically unadapted, crossopterygian fish would be indeed
not capable to undertake such an adventure.
This biological fact seems to have been forgotten, perhaps because observers have adopted
the habit of imagining here something like a tadpole that leaves its native pool, before changing into a land-living and
air-breathing frog !
The first land vertebrate really had -without any assistance of heredity- to adapt itself to a strange
new world, to avoid the drying of its organism, to endure and support the daily changes in temperature, to carry a body that
became heavier on land… Food searching was also a problem ! It was necessary to improvise and to make
do with what was possible to find on land : algae, perhaps a few animals with shells, or arthropods.
During the Precambrian time, the archaic vertebrate already made the decisive step towards
land-conquest, leaving the ocean where its ancestor have lived. Our present human endeavour and trend to travel through
countries and to reach new unexplored places is still a continuation of this fundamental trend of archaic
pre-hominids !
The Homonculus in its archepagoge [ full aquatic ] stage has just
developed its brain, its osseous skull and its limbs. The spinal column, quite upright, was indeed ossified before
the pre-hominid left the water ! Dessication and thermic regulation of the whole body were the chief problems for a
creature that was trying to make the 'big step' out of the ocean… On land, the differences in temperature are large and sudden.
It was very essential, too, to avoid the dessication of the body. The skin of the first land vertebrate
had to be kept supple, but also covered with an outer horny layer that would restrict the loss of water,
and owning an isolating hairy coat ! The sweat glands in the skin did intervene in case of too much heat,
producing sweat which evaporated and cooled the organism. The sebaceous glands served to lubricate the skin and the hairs.
This is a self-regulatory system, able to maintain a stable body temperature, despite external variations.
Such control permitted an adaptation to life on land after past life in the ocean.
The development of teeth which allow the Homonculus to chew and to digest its food more
quickly is connected with the acquisition of homeothermy, which also requires a great need of energy.
The apparition of isolating hairs is indeed connected with the demand for thermoregulation. All these characters
were present before the end of the aquatic stage !
The globular form of the human skull, also a primitive ( plesiomorphic ) feature,
represents the final evolution of the sea-living Homonculus's floating and sustenance organ :
such a round configuration could only develop naturally in water !
This ocean-dwelling pre-hominid then started to evolve into the first land-living 'true' vertebrate.
This is what I refer to as 'Homonculus in his phytophore stage', or 'archaic man'. As we have also
emphasized, this creature had an inborn tendency to explore, and he possessed an effective nervous
system [ the big brain developed from the marine floating organ ]. The Homonculus already had the
required physical pre-adaptations, such as : bipedal gait and orthograde body-position, air-breathing,
thermoregulation, and digestive organs that allowed him to eat the terrestrial plants and the small animals that were living all around.
Hypothetical reconstruction of the Homonculus
at his phytophore stage,
as the first vertebrate that ever entered land
Bipedalism certainly preadapted the early hominids to a life on land. The upright position was already
acquired before leaving the ocean lagoons. Further modifications of the post-cranial skeleton, such
as the configuration of the plantigrade foot, resulted from the constraints that were imposed by the environment,
and by an active awareness of these new terrestrial habits.
It was, indeed, in remote times, the completion of the human form, and the conception
of the original type of placentary mammals. The phytophore Homonculus presented the important new
characteristic of conceiving and bringing into world living young [ offsprings ]. Before the birth, the childs
grows and develops in his mother's uterus. The placenta is the organ that feeds and discharges it from
wastage [ through the umbilical cord ], while the amnios is the cavity filled with water
where the fœtus floats.
A derived feature is that of the mammals without placenta ( Marsupialia ),
and of other vertebrates ! There may be a 'more evolved' feature in the egg-laying of birds, reptiles and also
of some mammals ( Monotremata )… where the embryo [ which still needs to develop in water ] is
surrounded with the same amnios. This organ then becomes superfluous when the level of organization of amphibian
and fish is reached ! They indeed constantly live in water, or use water for their larvae [ which exhibit
aquatic specialization : this allows the species to spread through lakes and rivers ! ]. The eggs
of fishes and of amphibians are consequently without calcarious shell, and don't develop the amnios or allantois
of 'higher vertebrates'.
Now, thanks to his viviparity, the Homonculus on land should have assured a good rate
of reproduction. Above all, this disposition permitted a complete growth of the big brain in the uterus, and
preserved the globular form of the human 'primitive' skull. Viviparity also allowed a definitive independence
of all aquatic contingencies.
Just after this hard step of leaving the water, the terrestrial Homonculus was ready to
colonize this new milieu that became open to it. By pursuing their structural evolution ( specialization )
beyond the achievement point of the human form, diverse mammalian creatures could arise…
a part of them became quadrupeds by adaptation, but all belonged originally to our own bipedal line
of ascent !
These animals established on dry land and in many other ( for exemple, semi-aquatic )
environments, or also reintroduced the ocean. In this way, fishes ( Pisces ) themselves have returned
secondarly to life in water, just like some reptiles or mammals did. In such a hypothesis, today ( and fossil )
groups of fishes evolved several times from different 'amphibian' lineages, which developed themselves from reptiloid quadrupeds.
From his remote prehuman ancestors, man has inherited the ability to stand erect on his hind legs
( initial bipedalism ). The forelimbs, relieved from any locomotory function, were set free - since the
beginning - to serve the large brain in providing for its needs.
As a matter of fact, man has remained morphologically and anatomically the same through out the
course of geologic ages. Among living - and fossil - vertebrates, he is the least removed from the
ancient prototype !
Man preserved the original orthograde body position, a head resting
without musculature support on the vertebral column, a big brain and the round-shaped skull,
the hands in primitive form and the plantigrade foot.
Many features ( aptitude of perfect bipedal gait ! ) have been lost by today apes,
and already by australopithecines and other fossil-known hominoids. The chin, also, kept in man its original characteristics,
while it has disappeared in other primates [ included 'Homo erectus' and similar forms ] because
of the strong development of the jaws, the lengthening of the skull, and the specialization of teeth. These various groups
of homin(o)ids have followed their own evolution parallel to Homo sapiens' progression, and at the
same time branching out in different lineages. Such a process is called : dehumanization.
Another evolved feature in hominoids may be the development of animal hairs that
are added to original human hairy coat. It's a relevant characteristic of dehumanized beings,
demonstrated for instance in Dr. Heuvelmans' Homo pongoides [ see the illustration to the article
of Michel Raynal in the same issue of Bipedia ] and by living apes.
The unborn chimpanzee, indeed, has hair on his head like a human, but little hair on the body. Then,
the ape-baby develops his specific hairs. The apparent 'hairlessness' of man is not due to an absence of hairs, but it is
due to the fact that these hairs remain normally small and thin. As a matter of fact, man is not a 'naked ape'…
and the apes' hairs are the result of a more advanced evolution than man never followed !
The strong development of the teeth, jaws, chewing muscles, and mouth of non-human
mammals is indeed in inverse proportion to the brain development. At a certain point of its embryogenesis, the
animal embryo carries on developing after the point where the human embryo was complete…
and the formation of a large brain is countered as dentition and jaws become more powerful !
As a matter of fact, only the human lineage ( Homo sapiens ) preserved
a primordial brain disposition and a globular skull [ which were acquired before the passage from an
aquatic to a terrestrial existence ]. This indeed carries the problem of anthropogenesis back to
a very early stage in the evolution of the vertebrate line…
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FIN
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